Elle hérite d'une maison et d'un squatteur impossible à expulser malgré 11 500 euros d'impayés

Elle hérite d'une maison et d'un squatteur impossible à expulser malgré 11 500 euros d'impayés
04 Novembre 2022

Une jeune femme de 24 ans vit un véritable calvaire : elle a hérité d'une maison dans la Somme et d'un squatteur. Il doit 11 500 euros de loyers, mais il refuse de partir.

Mégane Lombard a hérité de la maison de sa maman, à Fressenneville, dans la Somme (Hauts-de-France), et d'un locataire qui refuse de payer le loyer depuis plusieurs mois. Il doit 11 500 euros. Pour la jeune femme, âgée de 24 ans, la situation est intenable financièrement. Son locataire a un toit et, elle, la jeune propriétaire, se retrouve à la rue, confrontée à de multiples frais. Elle ne peut pas payer un loyer en plus.

Avant le décès de sa maman, la situation était différente ; puisqu'elle était hébergée par le compagnon de sa mère. Depuis, elle a dû prendre son envol."Je suis impuissante et dévastée. J'en ai ras-le-bol. Ce monsieur a le droit de passer la trêve hivernale au chaud et moi dehors ! Il est fautif sur toute la ligne. Pourquoi l'aide-t-on lui ?" Un combat à mener pour sa maman.

Tout avait pourtant bien commencé. Danièle, la maman de Mégane, était partie vivre chez son compagnon avec sa fille, à une quarantaine de kilomètres. En 2021, elle a décidé de louer sa maison meublée à une connaissance, sans intermédiaire. Rapidement, le locataire a cessé de payer les loyers. Alors qu'elle se battait contre la maladie sur son lit d'hôpital, la maman de Mégane a donc entamé une procédure pour obtenir l'expulsion de son locataire. Mais la maladie l'a emportée en début d'année. J'ai repris le dossier après son décès. Mégane a hérité de la maison, et elle a juré de la récupérer : « Ma mère s'est battue et sacrifiée pour cette maison. Je ne peux pas rester passive et tolérante ».

Une longue procédure jusqu'à l'expulsion

Elle a été convoquée au tribunal le 1er avril 2022, mais le locataire ne s'est pas présenté. L'audience a été reportée quelques semaines plus tard. Le jugement a été rendu le 16 juin, ordonnant l'expulsion et le remboursement de la dette. Quatre mois et demi plus tard, rien n'a changé. La mesure d'expulsion n'a pas abouti avant la trêve hivernale, trêve qui a débuté mardi 1er novembre prendra fin le 31 mars 2023. Durant cette période, le locataire ne peut pas être expulsé du logement.

Aujourd'hui, je me retrouve sans logement, car les procédures d'expulsion prennent un temps inimaginable. La maison se situe au fond d'une allée. Mais impossible de franchir la barrière pour frapper à la porte puisque le locataire a verrouillé l'accès, en installant une chaîne et un cadenas. La porte de garage est également fermée. À l'extérieur, on peut constater que le chemin n'est pas entretenu. Au milieu de cette folle végétation, on peut voir des chats vagabonder. Mais les craintes de Mégane sont ailleurs. Elle s'inquiète pour l'intérieur de l'habitation. Elle sait qu'une fenêtre de toit reste constamment ouverte, « laissant entrer la pluie et le froid ». « Dans quel état vais-je retrouver la maison ? » s'inquiète la jeune femme. Elle craint de devoir faire de nombreux travaux quand elle pourra la récupérer. Et elle n'en a pas les moyens.

Début de la trêve hivernale

« Je me bats depuis des mois à passer des coups de téléphone. J'ai remué ciel et terre pour qu'il soit expulsé avant la trêve hivernale » , assure la propriétaire. En vain. En colère et déterminée, Mégane Lombard veut récupérer au plus vite la maison occupée illégalement par le locataire de sa défunte maman. Elle a multiplié les rendez-vous avec un avocat, la conseillère départementale ; elle a adressé une lettre au sous-préfet en expliquant sa situation. « Ce dernier, très compréhensif, m'a dit faire tout son possible pour l'expulsion au plus vite », explique Mégane Lombard.

Revirement de situation le 26 octobre, quand la jeune femme téléphone à la sous-préfecture : « On m'annonce un changement de sous-préfet et on me dit que la nouvelle sous-préfète ne veut pas donner son accord et refuse l'expulsion du locataire. Comme est-ce possible ? »Se sentant abandonnée par les pouvoir publics, Mégane s'est rendue ce week-end à Fressenneville. Elle a accroché un drap avec l'inscription squatteur et plusieurs autres messages sur la barrière. Elle ne veut pas baisser les bras, « le temps qu'il ne sera pas dehors ».« Je ferai justice moi-même »Mégane est déterminée à se battre, allant jusqu'à installer une tente et deux tabourets devant la maison le week-end dernier. Elle le jure : « Je ferai justice moi-même, pour ma mère qui s'est sacrifiée pour cette maison, pour moi, et pour tous ceux dans l'ombre qui vivent la même chose aujourd'hui » .

L'expulsion reportée par la nouvelle sous-préfète

Pour Mégane, la décision prise la semaine dernière par la nouvelle sous-préfète de l'arrondissement d'Abbeville est incompréhensible. Christine Royer, qui a pris ses fonctions lundi 24 octobre 2022, a tranché, en refusant l'expulsion du locataire.« Je n'ai pas souhaité signer cette expulsion à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve hivernale », justifie la représentante de l'État. Elle assure ne pas remettre en cause le bien-fondé de l'expulsion, mais elle « ne souhaite pas créer une précarité en période hivernale sans que nous puissions avoir une proposition de relogement pour le locataire, ce que je n'ai pas vu au dossier ».

Vendredi 29 octobre, la sous-préfète Christine Royer nous assurait que le locataire serait « en tête de liste, à la fin de la trêve hivernale » .Une position qui déconcerte la propriétaire de la petite maison picarde : « Moi, par contre, je peux passer l'hiver dans la rue ? ».

Une vie chamboulée à 24 ans

Cette situation a bouleversé la vie de la jeune femme. Elle a mis ses études entre parenthèses, et survit grâce à des petits boulots en région lilloise. Heureusement, elle peut compter sur le soutien de ses amis et parents de ses amis, pour ne pas dormir dehors. Mais jusqu'à quand ?

Elle rêve de reprendre le cours normal de sa vie avant la fin de la trêve hivernale, le 1er avril 2023. Ce qui sera possible, uniquement si le locataire décide de quitter spontanément la maison. Mais ça, Mégane n'y croit pas.

Source : actu.fr - L'Eclaireur